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Qu’est-ce qui vous a amené à l’écriture ?
En fait, j’ai toujours été passionné des livres. Je passais plus de temps à lire qu’à écrire au début. Les livres m’ont toujours accompagné dans la vie. Par la suite j’ai voulu traduire mes ressentis à travers ma plume. Ce qui me fait toujours du bien même si toutes les conditions n’étaient pas réunies. Je pourrais même vous dire que ce sont les livres qui m’ont sauvé, vu mon parcours. Je suis resté presque sept ans sans aller à l’école.
J’avais cessé d’aller à l’école comme le font les potaches. Je soulageais mon angoisse dans la lecture. Je trouvais du plaisir à lire. Pendant ces périodes sombres que je considère comme le coup du destin, je côtoyais les romans afin de m’évader car ayant arrêté les études indépendamment de ma volonté. Ainsi éprouvais-je une envie d’écrire. J’ai commencé par de petits textes et avec le temps j’ai aussi cherché à mûrir ma plume.
De quoi parle votre roman ?
Mon roman FEMMES, OSEZ DENONCER ! est à la fois un hommage et un plaidoyer en faveur de la jeunesse africaine et de la gent féminine. J’ai également essayé de mettre à nue dans ce roman qui a remporté le PRIX INTERNATIONAL organisé par les éditions IMMACULEE EDITIONS au Bénin en avril 2020, les problèmes de la jeunesse. En effet, beaucoup de thèmes ont été abordés. Parmi eux je peux citer : la violence faite aux femmes, la question de l’émigration clandestine, la délinquance, la criminalité, la déscolarisation prématurée, les enfants de la rue. Il s’agit d’un meurtre qui risque de plonger la famille Seck dans le chaos. Car L’inspecteur Barros en charge de l’enquête se lance dans un thriller qui lui a permis de découvrir beaucoup de choses sur la vie de Coumba, personnage principal du roman et sur les problèmes auxquels les jeunes sont confrontés. Violée par le frère de son mari, elle essaie de vivre avec son mal sans avoir l’audace de dénoncer son agresseur. Une situation qui la place devant un dilemme cornélien. Car elle voulait sauver deux noyades à la fois : son ménage et la famille Seck. Pourquoi avez-vous choisi d’écrire un roman policier ?
Ce genre de roman n’est pas encore trop prisé au Sénégal. Je veux dire le roman polar qu’on appelle également le roman policier. En effet, le roman policier est un parent pauvre dans la littérature sénégalaise. Je le trouve délibératif dans la mesure où il délivre le lecteur de son angoisse, de ses peurs, de ses inquiétudes…
Votre roman est-il une fiction ou traduit-il la réalité ?
Même si le roman, dans son essence est une œuvre fictive, c’est-à-dire le fruit de l’imagination, il n’en demeure pas évident qu’il peut s’échapper de la réalité. L’imagination de l’écrivain plonge ses racines dans le réel : ce qu’on voit dans la société, ce qu’on nous raconte… En fait, la relation entre la fiction et la réalité est très étroite à mon avis. Du point de vue thérapeutique, les œuvres fictives ou imaginaires aident le lecteur à affronter les vicissitudes de la vie. On tire beaucoup de leçons en lisant les romans. Les livres aident à affronter la dureté de la vie. Le malade peut voir le médecin mais la personne angoissée et désespérée peut faire recours aux œuvres fictives pour se débarrasser de son mal qui peut provenir de la réalité quotidienne. Dans Une si longue lettre de Mariama Ba, Ramatoulaye disait à Aïssatou : « les livres te sauvèrent. Devenus ton refuge, ils te soutinrent. ». On peut comprendre aisément que la fiction romanesque entretient une étroite relation avec la réalité. Dans mon livre, je parle de mes inquiétudes, j’ai laissé la plume à l’enfant qui est un autre moi extirper ses moments de souffrance, ses moments d’errance. Je reconnais aussi qu’il y’a une dose fictive dans le récit. Je peux aussi dire que le roman est une “blague honnête” dans la mesure où il part de la réalité pour distraire, éveiller, conscientiser, soulager, compenser les plaies etc. à travers la fiction.
Que pensez-vous de la littérature sénégalaise en tant que jeune écrivain ?
La littérature sénégalaise est en train de faire des prouesses à travers le monde. Je peux en citer beaucoup : Mbougar, Felvine, Fatou Diome etc. Il y a une dynamique salutaire aujourd’hui en ce qui concerne l’émergence de la jeune plume. Mais, il y a une baisse graduelle du niveau des élèves qui sont censés être les premiers amis du livre. Aujourd’hui le livre perd ses amis. Les bibliothèques se vident. Cette situation naturellement n’encourage pas les auteurs. Néanmoins, on peut se satisfaire de nos grands écrivains ici au Sénégal et des anciens qui sont toujours là à guider la nouvelle génération.
Que pensez-vous des livres écrits en langues nationales ?
On constate un déficit de productions pour la promotion des langues nationales. Elles doivent être utilisées davantage dans les programmes scolaires et dans l’espace littéraire. Il y a certes des auteurs qui sont en train de baliser le terrain comme Boubacar Boris DIOP et tant d’autres et Pour la nouvelle génération on voit Maissa Mara qui fait un excellent travail dans ce domaine mais toujours est-il que le travail doit continuer. Il y existe beaucoup de genres dans la littérature wolof méconnus de la nouvelle génération, comme LE LEEB, LE COSAAN, LE WOY-MAAM, LE LAAWAAN, LE CAX…
Quels sont les problèmes auxquels les jeunes écrivains sont confrontés ?
Ce serait prétentieux de dire que tous les jeunes écrivains souffrent parce que ceux qui ont les moyens de se faire éditer n’ont naturellement pas de problème à mon avis. Toutefois, la plupart des jeunes auteurs ont un problème en rapport avec l’édition. Le coût de l’édition est trop cher. En outre, la promotion, n’en parlons pas. Les éditeurs doivent être plus compréhensifs avec cette vague de jeunes auteurs qui font un travail remarquable. Beaucoup de manuscrits dorment dans des tiroirs. Il faut aussi que nous, jeunes plumes, travaillions nos textes davantage. Cela peut faciliter les choses. Et là aussi, cela suppose qu’on doit prendre du temps.
De quoi parle votre ouvrage?
Cela se passe dans le quartier populaire de Gouye Mouride, où on assiste à l’assassinat de Modou Seck, fils d’un ancien migrant dans la forêt de Jacaranda risque de plonger la famille Seck dans le chaos. Coumba, sa mère est ballotée entre le fardeau de la vérité et l’union de la famille. Doit-elle révéler l’identité du véritable père de Modou à son mari ? Doit-elle confier à sa meilleure amie que son défunt fils est victime d’un viol? Qui pourrait en vouloir à Modou Seck? Est-ce un membre de la famille ? L’inspecteur du commissariat urbain de Rufisque M. Barros, finira-t-il par mettre la main sur le meurtrier?